Bénin, entre clichés et superstitions
J’ai longtemps hésité à écrire ce billet. Effleurer la vérité en Afrique est souvent synonyme d’affronts. Les masques tombent et les manipulateurs sont à découvert. D’aucuns préfèrent alors s’unir durablement au mensonge et vivre dans l’hypocrisie générale qui caractérise le monde actuel. Les intrépides qui outrepassent cette règle sont tout bonnement traqués et persécutés. Pourtant, l’adage est on ne peut plus clair : "il ne faut pas cacher la lampe sous le boisseau". Révéler cette vérité qui dérange et qui provoque l’appréhension devient ainsi primordial.
Petit pays d’Afrique de l’Ouest, le Bénin est squatté par environ 10 millions d’individus. Il a fièrement arboré pendant un certain temps le surnom de "Quartier Latin" de l’Afrique. Depuis, il y règne un semblant de stabilité politique régulièrement perturber par des conflits d’intérêts. Excepté le surnom grotesque de son équipe nationale, les écureuils, cette petite bribe d’Afrique est sans doute le territoire du globe qui regroupe le plus de médisants et d’affabulateurs. Exagérons un peu. Petit tour des clichés les plus répandus au Bénin.
Déjà, le béninois est bavard. Je dirai même qu’il babille la plupart du temps. Bien que le pays regorge d’intellectuels sagaces, l’autre tranche de la population mène souvent des débats futiles, sans intérêts et sans fondements. Certaines personnes vont même à en faire une occupation. Vous les rencontrerez en pleine action dans les ruelles, devant les arrêts bus, dans les cafétérias et quelques fois chez la coiffeuse d’à côté. Les sujets diffèrent selon l’individu mais généralement en top 3, on retrouve la "réussite professionnelle soudaine du voisin" jugée glauque, "le présumé adultère de la voisine" qui prend de plus en plus soin d’elle ou encore les "déboires d’un politicien" qui crève l’écran depuis son élection. Vous l’aurez compris, tout est bon pour médire. Je ne sais pas ce que ça vous inspire mais je crois fermement que c’est un héritage colonial. Je dis ça, je ne dis rien.
Par ailleurs, le béninois est le champion du monde en termes de dogmes farfelus ou tout simplement de croyances. Pour lui, tous les faits de la vie se rapportent à des explications mystiques basées souvent sur des superstitions inédites et des spéculations farfelues. Je ne mets pas en doute la véracité de ces us mais les limites de ces pratiques semblent quand même très larges. On vous conseillera par exemple de ne pas balayer votre chambre après une certaine heure de la nuit parce que cela pourrait porter préjudice à vos économies. Personnellement, j’ai toujours suivi cette règle mais je n’en suis pas plus riche et ma chambre aurait besoin d’un bon coup de balaie. SOS.
Au-delà de cette quête fantasque d’explications excentriques, le béninois pure souche est le roi du pessimisme. Il voit systématiquement le mal ou l’échec dans tous les projets. En fait, il pense méthodiquement à ses intérêts, son ventre quoi. Ne vous étonnez donc pas de l’entendre critiquer les innovations et les nouveautés de son pays s’il n’est pas directement impliqué. La logique en vogue actuellement est de tirer à boulet rouge sur les travaux publics engagés depuis l’avènement du président de la république actuel. Vous entendrez ainsi dire que la priorité n’est pas à la construction de routes mais plutôt d’autres secteurs saugrenus. En même temps, certains axes routiers sont en construction depuis plus d’une dizaine d’années et le bout du tunnel n'est pas encore visible.
Je pourrai continuer par égrainer sur des pages entières les clichés rencontrés au Bénin mais à quoi bon ? Les stéréotypes du genre se retrouvent dans tous les pays et l’essentiel de ce qui fait le charme du Bénin est ailleurs. En attendant que j’y consacre particulièrement un billet, si vous passez dans le coin, faites un détour à Cotonou ou dans d’autres villes pour découvrir la splendeur de ce pays si cher à mon cœur.
Délicieusement vôtre (couleurs du drapeau du Bénin)